Depuis que l’enregistrement vidéo existe je n’ai jamais cessé de travailler avec. En 1975 ce fut la caméra et le magnéto à bande de 25mn en noir et blanc, puis en 1976 le VCR, 1er magnéto de salon couleur avec des cassettes d’une heure, puis la même année le premier VHS, puis le DVD… Dès que cela a été possible, j’ai donc préféré m’enregistrer en vidéo, plutôt qu’utiliser le bon vieux miroir triplex qui certes, restitue les angles les plus ennuyeux, mais qui reste complaisant vis-à-vis de soi-même. La vidéo est intraitable (c’est d’ailleurs pourquoi, en général, on n’aime pas se voir en vidéo), alors, qu’avec un miroir, on a toujours tendance à s’arranger avec soi-même (par exemple à ciller des yeux au moment des passages difficiles). Il n’y a rien de tel que la vidéo pour voir, objectivement, la justesse des gestes effectués et du personnage que l’on incarne. Mais, il est sûr que cela demande une certaine forme de courage pour se regarder vraiment en face !
De même que la complaisance du miroir, j’évite la complaisance possible de mes proches. C’est un réflexe normal, dans l’enthousiasme, d’aller voir sa femme ou autre pour lui demander son avis sur tel ou tel aspect, avant même de lui présenter une version aboutie des choses. Mais, non seulement, il n’y a pas meilleur moyen pour la ou le dégoûter à vie de la magie (car il ou elle va vite saturer), mais, en plus, son avis ne sera pas forcément objectif… Vous allez être découragé ou encouragé à tort. Bref, il faut assumer cette forme de solitude liée à la création et au travail et utiliser les moyens à disposition pour évoluer tout seul : en l’occurrence, se regarder en vidéo, avant le « jugement dernier » de votre vrai public !