Certains magiciens estiment qu’il faut forcément prévoir un climax pour chaque tour imaginé. Ce n’est pas mon avis. Je crois intéressant de trouver des climax pour des routines, pas automatiquement pour des effets ou des tours…. De toute façon, je déteste tout ce qui est systématique, car du coup on devient partisan et on perd une dose importante de lucidité. Les « Il faut ceci… », « Il faut cela… », je m’en suis toujours méfié… Mais il est vrai que l’alchimie est complexe pour créer un tour ! A mes yeux, un tour « fort », c’est un mélange subtil entre de super effets, un bon fil rouge, un climax (éventuellement) et surtout un scénario assez performant par lui-même qui englobera les effets primaires magiques… Et souvent les magiciens se trompent de cible. C’est-à-dire qu’ils tombent dans le piège d’une certaine facilité qui consiste à livrer un tour intéressant uniquement d’un seul de ces points de vue : ou seul l’effet est intéressant, ou seule la technique utilisée, ou seule l’histoire etc. Pour prendre une image simple : il est assez simple de faire des petits films de vacances, de les monter, les mettre en musique… Le résultat est souvent super pour les membres de la famille et des amis proches. Mais est-ce que ce résultat passerait bien s’il devait être diffusé pour une large audience ? J’ai bien peur que non ! Plus la magie devient reconnue (ce qui est une très bonne chose), plus elle est pratiquée par des amateurs (ce qui est génial) et plus on voit un peu tout et n’importe quoi. Exemple : Youtube avec toutes les vidéos de routines que l’on trouve et qui sont aussi chiantes que difficiles au niveau technique. C’est un peu l’effet pervers du truc… mais c’est l’évolution normale de tout art qui devient populaire ! C’est passionnant de voir ce foisonnement qui n’existait pas du tout à ce point il y a encore 25 ans.
Pour en revenir au concept du climax, j’ai le sentiment qu’un bon climax, c’est certes un super effet se fondant dans la routine (son aboutissement ?), MAIS qu’un climax, c’est d’abord un effet ordinaire qui s’ignore. Il peut être le point de départ d’autre chose. Je ne sais pas si je suis clair !? Par exemple, c’est précisément le climax de ma routine de « L’Imprimerie » qui m’a amené à créer ma routine de « La Carte Caméléon ». Vous voyez ? Donc, quand je m’intéresse à un effet, je l’analyse toujours en quatre étapes :
1) L’effet procuré en lui-même, à l’état brut.
2) Le faire bouger vers ce qu’il implique presque tout seul… mais qu’on ne développe pas habituellement, car on s’arrête de penser trop tôt.
3) Faire éclater l’effet. Lui donner une chance différente d’exister. Le détourner de son sens premier.
4) Inverser le processus. La fin devient le début.
De cette manière, je trouve toujours des pistes intéressantes et surtout je peux tester la valeur de ce que j’ai trouvé… pour être sûr que j’ai dépassé le stade du « petit film de vacances » pour reprendre mon exemple de tout à l’heure !