Avant le spectacle…
Avant un spectacle, je suis extrêmement concentré pour entrer dans le monde que je vais vivre et donner à vivre… Ce qui peut donner la sensation extérieure que je suis fermé. Disons plutôt que je suis juste « prêt au voyage », ce qui est différent. J’ai une façon de me concentrer qui consiste à m’occuper à faire autre chose, tout en gardant en moi, sans cesse, l’idée que je vais « jouer » dans quelques minutes. Donc, par exemple, j’ai pris l’habitude de traîner parmi les spectateurs avant que ceux-ci soient installés dans la salle. S’ils sont sympas et qu’ils ne me monopolisent pas trop, je peux être très présent pour eux, disponible… Par contre, il peut y avoir problème quand, sans le vouloir, leurs demandes tendent à me déconnecter de mon but premier, à savoir être prêt à monter sur scène. Ils ne peuvent pas se douter de ce qu’il se passe en moi, mais il est vrai que, selon les questions posées, je dois parfois éluder pour garder mon propre cap… Mais sinon j’aime bien aller « sentir » mon public, voir son envie (ou non d’ailleurs !) de jouer bientôt avec moi. J’aime voir les spectateurs vivre, rire, se détendre, se préparer…et peut-être même croire en me voyant qu’ils vont bientôt me donner du fil à retordre ! Mais moi aussi, j’ai quelques « biscuits » à leur intention… hé hé ! C’est le jeu…
Dans ces moments-là, on me demande souvent comment je gère le trac (car oui, j’ai toujours le trac bien sûr !). Mon meilleur antidote, c’est de vivre l’instant présent du plus qu’il m’est possible. Le trac se maîtrise assez bien si chaque infime moment possède son lot de satisfaction. Dans un coin de ma tête, je sais bien que je m’apprête à relever ce challenge quasi inhumain qui consiste à rentrer sur scène. Je le sais et cela me fait peur. Mais tellement peur, que je prends juste le parti de vivre intensément tous les instants qui se présentent à moi. Et ces instants se succéderont à l’infini, un à un, pour m’amener jusqu’à la fin du spectacle… En agissant mentalement de cette manière, je parviens à maîtriser ma peur, car je ne laisse pas de place au fait de me soucier de tout ce qu’il me reste à surmonter. Je vous assure, c’est assez efficace !
… et après le spectacle
Comme pour « avant le spectacle », j’ai pris l’habitude d’aller à la rencontre du public. Là, aussi d’ailleurs, mon attitude suscite parfois des malentendus : on me croit assez inaccessible, alors que je suis tout simplement encore en phase avec le spectacle et tout ce qu’on vient de partager tous ensemble. Je suis encore concentré en quelque sorte. D’ailleurs j’ai remarqué que j’ai une conversation assez limitée dans ces moments-là (rire). Quand on vient pour me féliciter d’une manière ou d’une autre, je me contente de : « Merci à vous », « Merci d’être venu », « C’est moi qui vous remercie. ». Voici à peu près les trois phrases qui sortent de moi après une représentation ! Mais il n’y a pas de calcul de ma part : je ressens ces phrases, donc ce sont celles qui sortent et, de toute façon, je crois essentiel de laisser le spectateur sur l’ambiance dont il sort. Trop parler avec lui après le spectacle, cela ne me paraît pas être une bonne chose. En plus, moi aussi je suis sur un nuage, au moins autant que lui ! Alors repartons chacun avec nos rêves !
Lire ces petites nouvelles est définitivement inlassable.
Merci Cher Dominique
Merci