Suite à mon article sur le secret https://www.dominiqueduvivier.com/2016/07/18/le-secret-2/ , voici encore quelques réflexions sur le sujet…
Il n’y a pas si longtemps le comptage Elmsley était encore presque considéré comme un secret bien gardé… C’est l’avenir de toute technique de devenir un jour « un classique ». C’est une évolution tout ce qu’il y a de plus normale et aujourd’hui, à cause/grâce à Internet ce cycle n’a jamais été aussi rapide. C’est donc sans cesse que, pour ma part, j’observe tout ce qu’il sort sur le marché magique (livres, vidéos, conférences…) pour voir ce qui devient « has been » et ce qui reste des techniques de pointe. On pourrait considérer cela comme un souci, pourtant ce n’est pas le cas. Il reste et il restera toujours des centaines de systèmes encore inconnus pour arriver à contrôler, forcer, révéler des cartes ou n’importe quoi d’autre. A l’heure où l’on croit que tout se trouve sur Internet, j’estime qu’il n’y a jamais eu autant de secrets à découvrir. Non seulement l’imagination humaine est infinie, mais en plus la notion de secret se glisse dans des endroits que l’on ne suppose pas forcément. Songez qu’une technique magique imparable est souvent invisible, car, plus qu’un simple mouvement technique, c’est une rythmique, une mécanique corporelle… Le maintien général du corps peut constituer lui-même la base d’un secret ! Croire que le secret consiste uniquement à savoir comment « fonctionne » un tour de close-up, de salon ou de scène, est très réducteur, si nous parlons sérieusement du sujet. Si un homme est capable de mémoriser un jeu de cartes en 10 secondes, le secret ne sera pas d’avoir compris qu’il a mémorisé un jeu de cartes mais comment il a fait pour le mémoriser si vite. Il faut comprendre que les qualités intrinsèques de l’individu ne sont pas en lice. Voici un exemple pour mieux me faire comprendre :
La levée double est une technique qu’on peut aujourd’hui facilement trouver sur Internet. Certes le grand public ne la connaît pas, mais tous les magiciens en herbe oui ! C’est donc à nous d’avoir quelques bottes de Nevers pour contrer cette connaissance primaire du spectateur quand il est magicien. Une levée double, en elle-même, est très simple à comprendre… ou du moins pas très difficile à imaginer. Si votre levée double est votre seule « activité » du moment, il vous sera difficile de masquer cette technique. Par contre, si vous avez compris que la levée double est un des nombreux systèmes à utiliser lors d’une routine, alors vous avez gagné. Je donne un exemple simple : une carte vient d’être seulement pensée (exemple le 8 de pique), vous faites une levée double et on peut voir le 7 de cœur ! Vous posez ce 7 de cœur sur la table face cachée (en fait c’est le 8 de pique que vous venez de poser) et quand le moment de la révélation est venu : paf ! La carte pensée est sur la table ! (on peut remplacer paf par pif si on préfère.) Vous venez de créer un miracle tellement fort que vous vous demandez comment je m’y suis pris, n’est-ce pas ? Dans ce cas croyez-vous que votre spectateur/magicien s’intéressera au fait que vous venez de faire une levée double ? Non, vous venez de réaliser quelque chose de tellement impossible que la levée double est devenue anecdotique. C’est donc là que je veux en venir : allons de l’avant ! Créons des routines tellement folles que toutes les techniques connues paraîtront inconnues ! Le fait que la levée double soit davantage vulgarisée n’est qu’un motivant supplémentaire pour chercher plus loin ou différemment, pour trouver de nouvelles armes et dépasser nos limites. Nous avons à notre disposition tant de possibilités techniques… Et puis, peut être que cela nous permet de redécouvrir par exemple l’importance souvent oubliée des techniques basées sur les temps, les espaces, les mouvements, le timing, le regard, le scénario, le travail des textes… et j’en passe ! C’est là qu’à mes yeux se cachent les vrais secrets, c’est là que l’on « mystifie » le spectateur… Je dis que, si ce qui est à disposition sur Internet ou DVD est le seul patrimoine dont nous disposons pour étonner nos futurs spectateurs, alors il est urgent de travailler plus. Hop, c’est dit !