Les beaux jours reviennent et je pense à La Foire du Trône… Une véritable saga en prévision, un roman fleuve ? Peut-être pas autant. Mais ce qui est sûr, c’est que La Foire du Trône a joué un rôle déterminant dans ma vie !
Comme je l’ai souvent raconté, ma vie de magicien a commencé à l’âge de huit ans lorsque j’ai vu le film « M le Maudit » de Fritz Lang… C’est grâce à ce film que mon engouement est né et que j’ai commencé à regarder un peu plus loin que le bout de mon nez… En face de mes fenêtres m’a suffit amplement d’ailleurs pour un début ! La Foire du Trône, dans mes jeunes années, siégeait en effet sur le Cours de Vincennes (j’habitais au 82). Et précisément sous mes fenêtres, le magicien Renélys haranguait le chaland pour vendre quelques tours de prestidigitation. Avouez qu’il y a parfois de ces coïncidences ! Pas besoin de préciser que je suis descendu le voir quelques milliers d’heures pour piger ses trucs et m’imprégner de l’ambiance indescriptible qu’il faisait régner à ses côtés ! Pendant des années, je me suis abreuvé de son personnage qui allait opérer petit à petit un véritable tour de magie sur le gamin que j’étais… De la vraie magie ! Sans m’en rendre compte, je me suis pris d’amour pour son univers. Chaque année je le cherchais avidement parmi les stands, je le retrouvais parfois dans un autre emplacement, parfois pas du tout, puisqu’il disparaissait quelques années et pour finir il n’y allait plus du tout. Je le retrouvais alors aux abords du cinéma le grand Rex ou plus rarement à Montparnasse. Sinon il élisait son quartier général à Cotterêts. Mais tout cela nous égare de La Foire du Trône.
Tout au long de ma vie, j’ai traîné ma mère, mon père, puis ma femme, puis aussi mes enfants bien sûr, mes amis, mes petits-enfants maintenant… bref tous mes proches, pour voir, entendre et sentir l’ambiance si particulière de ces lieux ! Je garde un souvenir impérissable de ces stands aux animations improbables : « Les sœurs siamoises » autant siamoises que Marlo était un entertainer ! « L’homme le plus petit du monde » qui avait la voix d’un enfant de trois ans. « La femme la plus grosse du monde », « La femme serpent », « La sirène vivante », « L’homme aux deux cerveaux » (en fait dans un bocal de formol… à déconseiller !). Et puis « L’homme le plus fort du monde » (toutes les attractions ou presque étaient libellées comme « le plus fort du monde ») qui défiait n’importe qui en combat singulier sur un véritable ring… Ah oui ! Aussi « Miss Gorilla » qui devenait un gorille déchaîné et qui poussait la foule effrayée vers la sortie. A chaque fois, cela ne durait que quelques secondes, mais qu’elles étaient exaltantes ces quelques secondes, bordel ! Il y avait aussi la parade avec les motos qui hurlaient dans la nuit en faisant du surplace, puis qui vrombissaient à des vitesses folles dans un énorme cylindre dès qu’on prenait son billet. Très impressionnant à cette époque où les sensations étaient plutôt rares ! Et puis, petit à petit, toutes ces attractions ont disparu complètement. Le temps passant, de nouvelles habitudes se sont développées. Les jeux ont fait leur apparition… Vous savez, ceux où on ne peut jamais gagner mais qu’on essaie tout de même au cas où ! Mais ce n’est pas grave, on continue de bien s’amuser. Les tenancières continuent de gueuler dans leur micro pour capter l’attention du client potentiel. Tout le monde continue à vendre du vent. Les musiques continuent de se chevaucher dans une cacophonie infernale et maintenant c’est mon petit-fils Antoine qui se bouche les oreilles, car selon lui… ils poussent un peu trop loin le bouchon !!! Et, bien sûr, ça sent toujours aussi bon dans les allées : ça sent la merguez, ça sent la frite trop grasse, ça sent la gaufre et ça sent les croustillons Hollandais. « Croustillons hollandais véritables » peut-on lire sur les officines, alors qu’en Hollande on ne les connaît même pas ! Mais ils sont si délicieux. On se brûle tellement c’est chaud, on s’en met partout… et on se régale. Bientôt, c’est le mois d’avril, tous en famille, on va pouvoir vérifier que nous sommes nuls aux fléchettes, au tir à l’arc, à la pétanque, au tir au pigeons, au ballon de foot… et mes petits-enfants vont pouvoir gagner des peluches énormes, attraper des canards avec la canne à pêche et essayer tous les manèges. Tout ça, c’est La Foire du Trône et, pour une troisième génération de Duvivier, l’âme d’enfant de Renélys plane…
…..J’ai même senti les pralines, la barbe à Papa et les pommes d’amour !!!
Merci pour la balade.
Amitiés
Cavaflar