Voici une question qu’on me pose pour le moins souvent… c’est une sorte d’appel au secours qui revient plusieurs fois par mois :
« Je fais de la magie depuis 6 mois, je dois faire un mariage, quels tours dois-je faire ? »
Les plus optimistes d’entre vous allez penser que j’invente un petit peu. Eh bien, non ! Malheureusement la question est posée presque à chaque fois de la même manière, comme quoi les débutants-voyageurs-en-herbe se donnent le mot ! Les cent premières fois, j’ai pris mon enthousiasme naturel à bras le corps, en essayant de me persuader qu’il y avait plaisanterie ou mieux encore forfanterie, histoire de placer un petit mot désuet au passage ! Mais les années ont passé et les demandes du genre ont continué d’affluer. Alors m’est venue une idée lumineuse (si) : parlons de ce fléau mental une bonne fois pour toutes dans mon blog ! Peut-être que les nécessiteux habituels auront la chance de tomber sur cette note du mois d’août 2013 et, de mon côté, ce sera « une pierre dix mille coups » (pour en terminer avec ces plaisantins, bons teints).Alors, soyons clairs et allons-y sans ambages : on ne peut pas décemment présenter un spectacle après six mois de pratique. J’entends déjà ceux qui vont rétorquer (comme quand j’ai eu le malheur de dire que « je n’aime pas les enfants » alors que par ailleurs je les aime bien sûr ! … oh la la, scandale !) : « Mais si, on peut déjà faire quelque chose de super, même après seulement un mois de travail ». J’aime lire ce genre de considérations, elles stimulent mon sens de l’humour, ma créativité ! Mais, sans rire, je n’ai pas envie de raconter d’histoires : la magie se travaille. C’est un art et, comme le cinéma, la musique ou la peinture, cela ne s’improvise pas de faire une bonne prestation. En apparence, c’est facile d’épater quelqu’un avec un tour de magie et, bien sûr, il faut un début à tout. Mais je vous assure, travaillez la magie, cela vaut le coup. Vraiment. Travaillez pendant plusieurs années et ensuite vous verrez que ces questions ne vous viendront même plus à l’esprit. Vous trouverez même incongru qu’on vous les pose !
Hop !
Amitiés
Dominique Duvivier
Mince, alors !
Donc, tous les tours « pour débutant » que vous vendez ne sont pas présentables, en fait, c’est ça ?
Il faut les garder pour soi ? C’est ballot…
Je pense, qu’il ne faut pas confondre faire 2/3 tours à ses amis et faire du table à table pendant un mariage avec 100 personnes.
Personnellement cela fait justement 6 mois que je fais de la magie, j’ai présenté 50 fois « l’imprimerie », « le jeu qui se mélange tout seul » ou encore « tempête sous un crâne ». Cependant je ne l’ai fait qu’à des amis, de la famille etc, toujours en tout petit comité.
Jamais je n’aurai la prétention d’aller faire un banquet :p encore faudrait-il que je fasse correctement des manipulations de base.
Je pense que le propos de Dominique est là.
<> signifie que le niveau technique est abordable pour un débutant en manipulation. La magie ne se résume pas à un enchainement de manipulation.
Il est donc bien possible de présenter un tour pour débutant sans trop de travail. L’utiliser pour créer un instant magique, c’est une autre paire de manche. Ça demande une certaine maturité.
C’est un peu comme si vous faisiez remarquer à votre vendeur de caméra, après qu’il vous ai dit qu’il y a peu de chance que vous deveniez Spielberg en 6 mois: « Mais?! Vous m’aviez bien dit qu’un débutant pouvait l’utiliser?! »
en lisant « l’appel au secours », je m’étais fait la même réflexion que les 2 phrases de conclusion : si on est incapable de déterminer soi-même ce qu’on pourrait présenter à partir d’un certain patrimoine/répertoire (=> notion de choses ayant été travaillées à un moment, et pas à dégrossir à la dernière minute), c’est qu’on est tout simplement PAS prêt.
– Monsieur Duvivier, je fais de la magie depuis 9 mois, je dois faire un accouchement, quels tours dois-je faire ?
– Faut pas pousser…
🙂
Interessant ce sujet, tous les enfants font aussi des dessins mais je ne pense pas qu’ils ont leur place dans une galerie d’art…
Cela étant avec la maturité, nous prenons du recul, et puis Dominique tu as souvent dit « apprendre un tour s’est facile, c’est le faire vivre qui est difficile »
Merci pour cet article.
Carl Valentin
« Apprendre un tour c’est facile, c’est le faire vivre qui est difficile. » En effet c’est ça le truc magique. Quand le spectateur ne cherche pas à analyser mais dit seulement « c’est magique! »