« Etre vu et entendu », voilà notre sujet du jour/matin/nuit, selon l’heure de votre visite sur ce blog !
Vous le croirez difficilement, mais j’ai l’impression d’avoir passé ma vie entière de magicien à me battre pour être simplement vu et entendu. Un comble me direz-vous ! Et pourtant…
Lorsque j’ai débuté dans les années 70, un de mes premiers « patrons » fut Eddy Chardigny. Un type génial qui dirigeait à l’époque la boîte de nuit « Le Patch Club » à La Varenne. Il m’a donné ma chance et j’ai pu me faire les dents vis-à-vis de mon nouveau métier : je lui en serai éternellement reconnaissant. Mais qui dit « boîte de nuit », dit… conditions épouvantables pour le jeune magicien que j’étais, vous pouvez facilement l’imaginer. J’ai pu goûter la joie de la semi-obscurité et des bougies (idéal pour voir mes cartes !), de la musique à donf (idéal pour se faire entendre !), des gens éméchés qui se foutent royalement de ce que je faisais (idéal pour partager un moment… artistique !). Je rencontrais un public qui avait soif de tous les excès, sauf celui de magie… Bref, un bonheur. Je commençais à percevoir la difficulté du métier que je voulais pratiquer. Ma passion pour la magie de close up, c’était une chose. Etre vu et entendu, ça semblait être une AUTRE chose !
Je me souviens aussi des années 80 où je me suis battu bec et ongle, dans les congrès de magie dans lesquels j’étais engagé, pour que les magiciens de close up puissent bénéficier des conditions nécessaires pour travailler. Il a fallu tant d’années pour que, timidement, le close up soit en fait suffisamment respecté pour que les organisateurs se motivent à faire ce qu’il faut ! Il est vrai qu’au-delà du simple aspect technique, il y avait de toute façon un problème de fond : le close up n’était pas à la mode comme aujourd’hui. C’était un peu le parent pauvre de la magie : les « vrais » magiciens, c’étaient surtout les magiciens de Grandes Illusions. Mais, même aujourd’hui que le close up a trouvé sa place au soleil, travailler dans de bonnes conditions, reste un combat la plupart du temps ! Après 40 ans de carrière, je dois, pour m’exprimer dans mon art, continuer de me battre avec cette impression de demander la lune… On ne comprend pas que, pour voir et entendre un magicien de proximité dès lors que le public dépasse une vingtaine de personnes, il faut FABRIQUER cette proximité avec l’aide d’un micro et d’un système de retransmission des effets sur un écran. On ne comprend pas que, pour goûter une prestation de magie rapprochée, il faut ce qu’il faut ! Zut quoi ! Alors on va pouvoir me rétorquer, comme par rapport à mon sujet « J’aime pas les enfants » le mois dernier, qu’on peut s’adapter et que je pourrais faire l’effort de comprendre ceci ou cela, mais n’empêche que cette situation me gonfle. Et comme je suis sur MON blog pour exprimer MES idées, eh bien, je dis ce que je pense ! Si on m’engage pour une prestation, c’est qu’on aime a priori la magie que je pratique. Or cette magie a besoin de conditions spécifiques incontournables : je n’ai pas envie de me retrouver à faire « La Carte Caméléon » devant 50, 400 ou 1000 personnes sans micro ni écran ! Et je n’ai pas envie non plus de me mettre à couper des femmes en deux parce que c’est plus « visuel ». Grrrr. Voilà, c’est dit. Et je m’arrête là pour aujourd’hui , hop !
Amitiés
Dominique Duvivier
Même combat Dominique!
En même temps sinon ça serai trop facile:)
Oui, j imagine bien la scène devoir crier dans l oreille d une spectatrice parcequ il y a trop de monde et qu’ il n y a pas de matos!!!
Avoir un micro en close up lorsqu’il y a du monde peut rendre intime une routine, car on peux parler doucement ou normalement a quelqu un et tout le monde nous entend.
Bon, ca c est dit !
Tu as bien raison de travailler dans les meilleures conditions pour le close up . Tu as la chance ( parce que tu t en ais donné les moyens ) de travailler au double fond encore assez souvent. Mais il vaut mieux surement refuser un engagement que l accepter et desservir le close up a cause des conditions materielles desastreuses.
A bientot chez toi (si on arrive a s organiser)