Cyril Mathias : « Si le spectateur continue à être récalcitrant en partie au spectacle, comment doit-on agir ? »
Difficile de répondre à ta question de façon simple car, encore une fois, il n’y a aucune recette miracle ! Dommage, n’est-ce pas ?! « Ne pas moufter », comme disait Bernard Blier dans 100.000 dollars au soleil. En effet, essayer le plus possible de mener à bien ta prestation, sans te laisser distraire. Avoir de la répartie, sans entrer dans les considérations stériles du spectateur qui de toute façon… veut avoir ta peau ! Gentiment, mais il la veut ! N’oublions pas qu’à l’image de la vie, un spectacle est un combat. Un vrai combat. Le public doit être maté, à la fois tout en douceur… et fermement ! Et il t’en sera reconnaissant ! Avec un ensemble de stratagèmes, mais aussi grâce au scénario, aux textes, à la mise en scène, à l’expérience et une certaine dose de charisme, on peut en principe se sortir de pas mal de situations difficiles. Mais cela suppose que, dès les premières secondes du spectacle, l’artiste se batte pour marquer son territoire, comme les animaux le font instinctivement ! C’est la seule et unique façon que l’artiste puisse embarquer le public dans son univers et que les spectateurs puissent ainsi se décontracter, s’évader, rêver, oublier les chaînes qui sont les leurs… Je dis souvent que la scène est une vraie fosse aux lions ! Mais quel bonheur quand, à force de travail et de ténacité, le public s’envole avec soi ! Quel bonheur de rendre les gens heureux…