Bonjour à tous !
J’espère que vous passez de bonnes fêtes de fin d’année ! N’oubliez pas de bien profiter des êtres qui vous sont chers.
J’ai reçu d’intéressantes questions de la part de « Jeannot57 », alors, pour cette semaine, je propose de partager mes réponses avec vous tous.
Bonne lecture
Avec toute mon amitié
Dominique Duvivier
Jeannot57 : « Vous nous parlez souvent de cinéma. Mais qu’en est-il de la musique ? Je sais que vous aimez les Beatles. Je pense que la musique est un élément essentiel dans un film et dans un spectacle, car c’est elle qui apporte en partie « l’ambiance » et/ou le rythme. Comment orientez-vous vos choix musicaux pour un spectacle ? »
Dominique Duvivier : J’avais déjà écrit un texte il y a quelques temps sur ce sujet alors je te le confie pour l’occasion et tu me diras si cela répond à ta question, ok ? Le voici :
« La musique fait tellement partie de ma vie que je peux dire qu’elle est partout. Dans mes spectacles par contre, vous remarquerez que la musique n’est pas omniprésente. Et pourtant, c’est bien le cas pour moi, car chacun de mes mouvements magiques est une sorte de note de musique « silencieuse ». J’ai en effet tellement travaillé avec la musique et sur la musique, qu’elle s’immisce partout dans mon travail, jusque dans mes mots ! Le rythme, le tempo, les mélodies… tout est retranscrit sous forme d’effets magiques, de mouvements, de réparties…
La musique des Beatles notamment m’a énormément influencé, alors que j’étais encore tout môme. Dès l’âge de 12 ans, je m’y suis immergé. Je suis toujours resté un amoureux des musiques dites « pop music » : Electric Light Orchestra, Supertramp, Bob Dylan, Elton John, Simon and Garfunkel, George Harrison, Paul Mac Cartney, John Lennon et tant d’autres bien sûr… Tout ou presque de ce genre musical me plaît, me fait griffer les étoiles !
Par contre j’ai de grossières lacunes en musique classique par exemple… hormis celles reprises dans les films de Stanley Kubrick ! Je regrette d’ailleurs de n’être pas plus friand de musique classique. Je tente parfois de me soigner, mais je sens qu’elle n’arrive pas à résonner en moi. Elle a tendance davantage à m’endormir qu’à me faire rebondir sur une nouvelle routine magique ! Je sens que je suis victime du concept « Toute la construction d’un homme se joue entre 0 à 16 ans ». Comme je n’ai pas baigné dedans dans les âges en question, je n’y suis pas sensible… ou presque ! Je vois certains mélomanes s’éclater vraiment physiquement en l’écoutant, alors que moi je me demande ce que je fais là… Une horreur ! Je n’aime pas subir des choses comme celles-là. Mais visiblement, je n’arrive pas à sublimer cet état, donc je fais avec. Parenthèse fermée.
Comme je viens de l’exprimer en survolant seulement ce qu’elle parvient à provoquer en moi, la musique fait partie intégrante de ma vie de chercheur invétéré, au plus haut niveau. Je construis d’ailleurs très souvent mes routines en m’inspirant d’un morceau qui me fait vibrer. Je crois fondamentalement que ce que je ressens avec une musique, peut se traduire en magie, directement. J’écoute attentivement le morceau en me demandant ce que le compositeur en question aurait exprimé s’il avait eu l’art magique comme support à son interprétation. J’invente les situations magiques qui me semblent, pendant un moment, celles que le compositeur imagine là, tout de suite avec moi. Le temps de mon écoute, il devient magicien et mon rôle n’est que de dépister, de transcoder son message musical en partition magique. L’histoire de sa musique est retranscrite pour devenir une histoire magique. Notez que, quand il s’agit d’une chanson, je n’en comprends souvent même pas les mots, mais il s’agit là presque d’une arme supplémentaire pour mes investigations. En effet, je crois que le fait de ne rien comprendre aux phrases anglaises que j’entends, me permet de rester encore plus libre d’imaginer ce que bon me semble, encore plus connecté profondément à la musique en elle-même. Je me sens finalement un peu comme un de ces historiens passionnés qui tentent de faire parler les tableaux à l’église de Rennes-Le-Château, pour qu’ils expriment ce qu’ils recèlent de secrets cachés… Vous voyez ? Ces instants sont si merveilleux à vivre, je vous l’affirme… »
Jeannot57 : « En tant que grand fan de Doors et de Hendrix qui pour moi sont des « faiseurs de miracles » en termes de musique et de paroles, je rêve un jour de présenter un tour de cartes sur fond musical hendrixien. Mais comment ne pas dénaturer le tour ou inversement l’oeuvre musicale et éviter tout hors sujet ? »
Dominique Duvivier : Il faut que tes musiciens fétiches deviennent les auteurs de ta partition magique. Et tu dois te fondre dans leur musique avec ta routine (voire même – pourquoi pas – en écrire une qui pourrait coller parfaitement ?). C’est mon sacerdoce permanent. Voici la suite de mon texte sur la musique. J’espère que cela pourra t’inspirer dans ta recherche :
« Il y a une autre passion qui s’est greffée, au fil des ans, à mon patrimoine de recherches musicales, ce sont les musiques de films. Elles ne sont que très rarement accompagnées de mots, mais l’écriture même des partitions pour le cinéma est souvent une véritable histoire dans l’histoire ! Mes auteurs fétiches dans le domaine en question sont bien entendu Ennio Morricone et François de Roubaix mais également John Williams ou Vladimir Cosma. Mais il y en a tant d’autres !
Quand je me sers d’une musique directement, j’essaie non pas de choisir la facilité qui consiste à présenter un tour muet accompagné d’une musique mais plutôt de pouvoir charger mon tour d’une nouvelle émotion qui entre dans le cadre de mon écriture. Par exemple : dans le final de mon spectacle « Intimiste », le tapis volant fait finalement voler un billet de banque emprunté ! Dans le scénario, comme je viens de raconter que la musique de « Hey Jude » signifiait quelque chose de très personnel pour moi, le tour du billet, ponctué par la musique de la petite boîte (relayée à son tour par la musique originale), crée une ambiance très particulière qui est propice à un vrai grand final.
Quand la charge émotionnelle est identifiable par tous immédiatement, je prends souvent l’initiative d’inverser les masses. Je m’explique : si le morceau de musique est très fort en lui-même, je bâtis le tour autour de lui. Par exemple dans Intimiste II, le morceau de George Harrison utilisé dans mon set Goshman (rien que d’évoquer ce morceau, cela me donne des frissons partout), fut travaillé en partant du principe que les notes et les paroles ponctuaient l’image d’un pantin qui s’articulait. J’ai donc décidé de jouer sur mes « Pièces à travers la table », le rôle d’un mec qui avait des gestes syncopés, pour « drôlifier » les voyages de pièces. Sachez que la musique m’obsède au point que j’ai imaginé une suite à ce voyage en faisant changer les pièces de couleur, juste pour entendre plus longtemps le morceau de George ! Je crois que la routine magique en musique d’Harrison est une routine de lui, pas de moi. Dans la série de mes spectacles « Intimiste », je rends hommage à plusieurs grands magiciens, et, bien que je ne le dise pas, je rends également hommage à ceux qui m’ont aussi construit, grâce à leur musique comme Les Beatles, Harrison, Michel Polnareff…
La musique procure vraiment quelque chose de fort en moi… C’est un sentiment qui me dépasse. Si j’évoque certains noms comme Cat Stevens, par exemple, rien que le nom me bouleverse quelque part. Je le précise pour mieux me faire comprendre : ce que j’éprouve avec la musique doit se transmettre dans ma magie. Je veux provoquer le bouleversement que la musique provoque en moi. J’en ai la certitude depuis déjà de longues années. Au début mon obsession a été juste : comment partager avec mes amis cette musique qui me met dans un tel état de transe ? Cet état si fort qui est un peu des bouts de mes idoles musicales ? Mais partager avec quelqu’un un morceau de musique vibrant à ce point pour soi-même, n’est pas une mince affaire… au point que j’ai cessé de m’y évertuer et que j’ai choisi petit à petit plutôt une autre voie : la mienne, la magie. L’idée : chanter intérieurement mes morceaux préférés tout en proposant « officiellement » un tour qui rallie la salle. Je veux donner au public ce que je ressens par la musique, sans qu’il en entende une seule note ! Si je pense par exemple à Jacques Brel, que je le revois me jouer et chanter « Amsterdam », juste pour moi… et si je dois faire un tour à ce moment précis… mon tour sera imprégné de ce morceau, de la détresse de Brel, de sa mélancolie et il deviendra un tour fort, dans le sens qu’il fera quelque chose au public de bien différent que si j’avais simplement voulu me faire mousser avec un tour technique pour montrer ma force ! Je veux prendre mon public par les tripes ! Ma musique intérieure donne le ton de mon tour et il ne me reste plus qu’à en écrire l’histoire. Vous comprenez ? Si je repasse dans ma tête sa chanson « Les Bigotes », mon tour sera plus corrosif que triste, ne serait-ce que par le fait que la structure du morceau de Brel est sarcastique. Voici quelques pistes de travail que je fréquente sans cesse.
Avec toute mon amitié
Dominique Duvivier
Que de bons artistes cités la.
Mais quel est donc le morceau de George Harrison que l on peut trouver dans intimiste 2 ?
Quand je pense a George Harrison je pense toujours a « While My Guitar Gently Weeps » dont je conseil d ailleurs l excellente version de Peter Frampton
Regardez dans les menus du DVD : toutes les musiques y sont référencées !
Amitiés
Dominique
Bonjour,
Me voila pour la première fois sur ce site 🙂 Je ne suis qu’un simple petit débutant en magie et je ne permettrai donc aucun commentaire sur votre travail qui, de toute façon, je trouve exceptionnelle.
J’avais juste envie de donner mon opinion sur une phrase de ce texte: « Toute la construction d’un homme se joue entre 0 à 16 ans ». C’est peut-être vrai pour beaucoup de choses mais pour la musique je ne pense pas… J’ai moins meme grandi dans un style musical assez pop ou meme musique espagnol et me voilà depuis près de 5-6 ans (j’ai 28 ans) accroc plutôt a certaine musique rock… Comme quoi tout peut changer.
Toute notre vie est dictée je pense par la musique qui nous plait et pouvoir transmettre en plus ça par la magie est un acte merveilleux.
Bonne continuation
sourire,
Forcement il faut le dvd….
mais je l aurai un jour, je l aurai……!
Quel plaisir en revenant des fêtes (et des repas « quandilnyenaplusyenaencore ») de lire votre message ! 🙂
Je comprends mieux certaines choses après vous avoir lu et pour être tout à fait sincère, ce sont des choses que j’avais (en partie) déjà comprises à une époque où la musique était vraiment « mon truc », presque une seconde vie (j’étais guitariste dans un groupe). Et à certains moments précis, lors de concerts ou lors de l’écriture de certains morceaux, il apparaissait cette sensation « grisante » (l’inspiration ?) qui donnait l’impression d’avoir trouver le mot juste ou « la » note qui fout les poils pas qu’à nous, mais aussi au public.
Hmmm… Finalement, en magie, ça serait un peu pareil ? Se fondre dans la musique…
« Il faut que tes musiciens fétiches deviennent les auteurs de ta partition magique. » Vous avez tout dit dans cette phrase.
Merci ! 🙂