Suite à la vidéo du « Final à quatre mains » que j’ai publiée ici-même le 30 octobre dernier, j’ai reçu un message de la part d’Ohdesu qu’il m’a paru intéressant de commenter auprès de vous tous cette semaine.
Pour mémoire, voici la vidéo en question : http://www.mayette.com/Final_4_Mains-details.aspx
A bientôt !
Avec toute mon amitié
Dominique Duvivier
Ohdesu : « (…) d’où te et vous vient tant d’inspiration ? La question est toute bête, vague, surement posée pour la millionième fois (et tu y as répondu de diverses manières selon l’angle d’attaque de tes interlocuteurs) mais diantre, quand je vois cela, je suis estomaqué (…)par tant de créativité ; bien sur c’est une variation sur un thème mais il y a ce petit quelque chose, ce grain de folie qui s’immisce dans tes effets qui d’une part apporte une marque de fabrique mais qui permet de transformer (au sens magique du terme) une routine classique, un lieu commun de la magie (je n’utilise pas « lieu commun » de manière péjorative) en autre chose, c’est comme si un effet différent, un effet que l’on a jamais vu autre part naissait… Une sorte de mutation, de monstre de la carte folle… C’est intéressant, comme quoi « il ne faut pas s’arrêter de penser trop tôt », c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs confitures voir les nouvelles confitures (…) »
Dominique Duvivier : Un morceau de réponse : garder l’esprit du débutant, ne pas se laisser aller à admettre que « les dés sont jetés » et continuer de croire qu’ici bas, il y a toujours du grain à moudre, quoi qu’il arrive ! Ne pas avoir la grosse tête, c’est une des choses les plus importantes à prendre en considération, si l’on veut progresser ! J’aime utiliser les classiques de la magie, mais aussi explorer de nouveaux horizons. C’est en parcourant ces deux tendances, qu’il m’arrive de trouver du neuf qui ressemble à de l’ancien en apparence mais qui, du coup, est vraiment du neuf ! La nouvelle version créée est vraiment novatrice ou bien simplement enrichie, mais, dans tous les cas, elle redonne un coup de jeune à d’anciennes idées !
Le tour de « La carte folle » est devenu un classique avec Peter Kane, dans la seconde partie du XXème siècle. Mais la tendance est restée figée selon moi. J’ai eu envie de la pousser un peu hors de ses limites. J’ai créé plein de versions au cours des dernières années et, si tu voyais la nouvelle mouture que j’ai imaginée pour mon dernier spectacle « Le hasard, c’est moi », tu y verrais une illustration encore plus éclatante de ce que je crois qu’on peut obtenir, dès lors qu’on ne s’embarrasse pas de préjugés, en ce qui concerne la création. Lorsqu’on crée, il faut savoir travailler sans se dire qu’il ne faut pas emprunter tel ou tel chemin parce que « ça ne se fait pas ». Si on se laisse aller à la création, tout peut se faire, tout est possible. Ensuite il faut trier, mais, sur le moment tout peut se tenter. Sinon continuons de faire des sauts de coupe pour faire croire qu’on ne fait rien de visible pour le public (lol) ! Voici quelques éléments de réflexions … Si tu en veux d’autres, relance le vieil homme que je suis et je continuerai. A toi, à vous de jouer !
Tout d’abord merci beaucoup pour cette réponse encore une fois extrêmement riche, à chaque fois cela me permet d’avancer un peu plus, d’ouvrir de nouvelles pistes de réflexions ou de remettre en question mon propre fonctionnement magique. Et pour tout cela : merci beaucoup ! Je te relance donc puisque tu m’as relancé…
« Attention, c’est parti (ça va virer encore dans tous les sens je te préviens ^^).
Dominique Duvivier : Un morceau de réponse : garder l’esprit du débutant, ne pas se laisser aller à admettre que « les dés sont jetés » et continuer de croire qu’ici bas, il y a toujours du grain à moudre, quoi qu’il arrive ! »
Tu as répondu à une question que je me reposais justement il y a quelques jours : je trouve la démarche extrêment intéressante, je remarque souvent que quand je réfléchis d’abord en terme technique dans une démarche créative (au sens avec mon bagage magique), les résultats sont souvent assez décevant (rime ^^), la technique, les connaissances ont quelque chose de terriblement limitant (rime^^, bon ça suffit !), elle empêche d’aller au-delà de ce qu’on connait déjà d’une certaine manière. Donc je suis entièrement d’accord quand tu dis de garder l’esprit du débutant : avoir un regard vierge ça permet d’aller autre part, c’est comme écrire sur une page blanche…
Mais toi, justement, comment gardes-tu cet esprit de débutant ? Comment mets-tu cela en pratique lorsque tu crées ? (la question est peut-être vague, peut-être n’a-t-elle pas de réponse qui sait…)
« Ne pas avoir la grosse tête, c’est une des choses les plus importantes à prendre en considération, si l’on veut progresser ! J’aime utiliser les classiques de la magie, mais aussi explorer de nouveaux horizons. C’est en parcourant ces deux tendances, qu’il m’arrive de trouver du neuf qui ressemble à de l’ancien en apparence mais qui, du coup, est vraiment du neuf ! La nouvelle version créée est vraiment novatrice ou bien simplement enrichie, mais, dans tous les cas, elle redonne un coup de jeune à d’anciennes idées ! »
Justement je pensais à ça, je regardais il y a peu l’entretien sur ton excellent dvd d’Intimiste avec les membres d’LSP (ça me motive quand j’ai un petit manque d’inspiration 😉 ) où tu dis justement que « tu ne travailles plus depuis longtemps sur la technique mais sur les effets contrairement à beaucoup d’autres », je trouve que cette réflexion colle particulièrement bien à la situation : le plus dur en somme ! Comment t’y prends-tu pour faire du neuf ?
« Le tour de « La carte folle » est devenu un classique avec Peter Kane, dans la seconde partie du XXème siècle. Mais la tendance est restée figée selon moi. J’ai eu envie de la pousser un peu hors de ses limites. J’ai créé plein de versions au cours des dernières années et, si tu voyais la nouvelle mouture que j’ai imaginée pour mon dernier spectacle « Le hasard, c’est moi », tu y verrais une illustration encore plus éclatante de ce que je crois qu’on peut obtenir, dès lors qu’on ne s’embarrasse pas de préjugés, en ce qui concerne la création. Lorsqu’on crée, il faut savoir travailler sans se dire qu’il ne faut pas emprunter tel ou tel chemin parce que « ça ne se fait pas ». Si on se laisse aller à la création, tout peut se faire, tout est possible. Ensuite il faut trier, mais, sur le moment tout peut se tenter. »
Cet exemple est intéressant en effet, la carte folle, quand on voit ne serait-ce que la version que tu exécutes dans Intimiste 1 (au passage j’attends avec impatience le second opus vivement le papa Noël ^^), certes, le départ au niveau de la configuration ressemble au classique mais quelques secondes plus tard on part autre part, dans un autre tour, hybride, avec les cartes au portefeuille, les neuf cartes, la jeu solide… La folie quoi ! Loin de la carte folle version Peter Kane (qui est très bonne cela va sans dire). Quel fil t’a mené du classique à un tout autre tour ? Comment constitues-tu ce chemin magique ? (Pour ta version dans le hasard c’est moi, j’espère la voir vite dès que je viens sur Paris, une tuerie surement :)) Comment pars-tu en vrille et sélectionnes-tu au final ce que tu garderas ?
« Sinon continuons de faire des sauts de coupe pour faire croire qu’on ne fait rien de visible pour le public (lol) ! Voici quelques éléments de réflexions … Si tu en veux d’autres, relance le vieil homme que je suis et je continuerai. A toi, à vous de jouez ! »
Voilà beaucoup de réflexions et de questions (qu’on t’a surement déjà posé, pardonne moi d’avance pour la redondance :s)), excuses moi ce long bavardage :$ J’espère ne pas t’embêter… Sur ces bonnes paroles je te souhaite une très bonne soirée 🙂 Encore merci beaucoup beaucoup pour toutes ces réfléxions qui m’aident énormément dans mon travail 🙂 J’espère que tout cela t’inspirera 😉
A plus Dominique
Ca, aucuns doutes dans « le hasard c est moi », la routine carte folle est un bouquet final en plein milieu de spectacle .
Les yeux explosent en mille morceaux et ne peuvent suivre. Un vrai bonheur de mal de tête qui incarne bien le « deux ou trois temps d avance » ,que l on aimerait revoir et encore revoir.
voila une routine qui mériterait en temps utile une vidéo pour notre bonheur.
Pour se qui est de la créativité, je ne pense pas qu elle vient en gardant l esprit du débutant.
Mais qu elle vient,tel le mathématicien qui maitrise chiffres et formules mathématiques comme un langage courant et qui du coup peut se permettre d explorer de nouveaux horizons de nouveaux calculs.
le magicien qui maitrise les techniques, effets et protocoles aussi facilement qu un langage ou des formules mathématiques,peut s aventurer dans de nouveaux horizons de créativités.
Si on y réfléchi un peu,la cartomagie se rapproche de très près des mathématiques.
Je me souvient de dominique parlant de la mémoire ne lui posant pas de problème ( j espère que c est toujours le cas).Expliquant que se sont comme des disquettes qui automatiquement introduite expriment la routine.
Je crois surtout que pour lui la magie et ses techniques est devenu un langage usuel comme l alphabet qu il peut donc associer et moduler.
Il créé tel le poète qui associe des mots pour en faire un jolie texte,le magicien une jolie routine parfois même poétique.
Cela donne de belles fables a réciter.Même si on s enorgueillit de changer quelques chiffres,quelques mots.
D ou l importance de l interprétation.
Je suis d’accord avec la proximité entre math et magie, mais je pense qu’il y a plus… Quand tu parles de formules mathématiques, j’entends quelque chose comme règles figées, techniques permettant de réaliser quelque chose… Et c’est ce côté technique qui me gêne ; bien sur je suis d’accord la technique est importante, basique, mais il doit y avoir quelque chose au-delà une fois que celle-ci est maitrisée (et encore une fois c’est fondamental d’avoir ces bases). Je ne pense pas qu’elle soit une base en soit à un tour, je pense qu’elle sert l’imagination, mais elle ne la produit pas. Peut-être ai-je mal compris ton commentaire, et excuses moi si c’est le cas, mais il me semble que quand on parle de garder « l’esprit du débutant », il s’agit simplement de laisser vagabonder son esprit comme si nous ne connaissions rien à la magie pour ne pas nous limiter à ce qu’apparemment la technique nous permet de faire ; bien sur comme disait Dominique, il y aura un tri des idées, selon ce qu’il est possible ou non de faire techniquement, mais il faut prendre des risques au sens où on peut faire naître de cet « esprit débutant » de nouveaux effets et pourquoi pas de nouvelles techniques z’et subterfuges vicelards pour donner vie à ses effets car on ne se sera pas borné à ce que nous savons de la magie…
Oui bien sur certaines les formules mathématiques sont figés comme le sont les techniques. Mais les mathématiques, elles ne sont pas figés.Pour arriver a « E=MC2 » il fallait connaitre les maths de bases comme les techniques.
Se que je voulais dire c est que pour l imagination, pour la créativité, il n y a pas de miracles, il faut maitriser la langage comme le musicien doit maitriser son art avant de composer.
(Bien sur il y a des exceptions).
Quand on voit les Beatles(référence absolu).Même si autodidactes John et Paul ont beaucoup travaillés, beaucoup étudiés leurs références(Chuck Berry, Buddy Holly, Little Richard, Gene Vincent,bien d’autres et le blues noir américain).A leur début Jhon et paul pour écrire s asseyaient face a face pour parfaire leurs techniques.
Et qu aurait été la musique post beatles si certains n avaient pas maitrisé la référence musicale des beatles, je pense comme cela a Tears For Fears ou Lenny Kravitz.Sans une maitrise de la technique ou de la culture pas sur que certains soient aussi créatif.
Pour moi la magie est un art et l art s apprend aussi. Ou disons s étudie avant de pouvoir être réellement créatif.
Il faut maitriser le langage avant de pouvoir ecrire, le langage en magie, c est un peu la technique, mais aussi sa culture ses references. Et pour cela il faut être loin du débutant.
Apres oui je pense que l esprit du débutant est important dans la création. Les yeux du débutant surtout.En effet à mon gout,trop de magiciens ne créés qu avec un esprit de magicien pour des magiciens.
Combien de profanes je vois déconnectés dès le début d un tour, parce qu il est avant tout un tour pour magicien et construit pour eux.
Souvent quand je vois un magicien expliquer son tour en référence qu il epate des magiciens, je ne regarde même pas. Souvent il a oublié ses yeux d enfants de profanes et l effet n est fait que pour épater les magiciens.
Âpres on est d accord que la technique absolu ne fait pas le créatif.
Mais sans technique zidane platini messi,maradonna ronaldo ne serraient pas les génies les créateurs qu ils sont (ok drôles de références).
J ai compris se que voulait dire dominique, ne pas laissé sa créativité enfermé dans des techniques.Finalement ne pas trop partir des techniques pour arriver à la création, mais partir de l effet, du climax et voir si la technique le permet.
C est quand même des méthodes d exceptions, de Maestro .
Dans de nombreux arts on voit souvent la création rationalisé, se qui donne en musique des méthodes de composition efficaces et souvent « soupe »
Alors oui je comprend se que voulais dire Dominique, mais ne fait il pas parti des maestros?
Pardonne moi superdesch, j’avais en effet mal compris le propos de ton premier commentaire, je te demande de m’en excuser, je suis tout t’honteux ; je suis donc tout à fait d’accord avec ton point de vue si tu prends ainsi les mathématiques 😉
En effet je pense aussi que la maitrise de la technique est fondamentale bien sur jusqu’à ce que celle-ci disparaisse complètement, comme les gammes et les arpèges du musicien. Elle est là certes, elle est d’une certaine manière une base à l’art sans pour autant faire l’art, elle doit être invisible pour le spectateur et, à nous même de l’oublier (j’utiliserai la métaphore du papillon : la technique c’est la chenille, la chrysalide : le processus créatif, et le papillon qui nait : la magie ; le papillon n’a plus rien à voir avec la chenille et pourtant l’un est la base de l’autre, mais on ne reconnait pas dans le papillon la chenille qu’il fut… Et ce qui produit la transformation, c’est la chrysalide, elle a changé de manière quasi magique quelque chose de pas très beau en une magnifique créature… Comme toute métaphore celle-ci a ses limites mais bon c’est pour illustrer un peu nos discussions un chouilla abstraites ^^)
La différence avec le papillon justement c’est que pour créer, il me semble comme Dominique et toi le dites si bien qu’on ne doit pas forcément partir de la chenille (dans la chronologie de la création) mais plutôt du papillon sortant de la chrysalide (de l’effet sorti de notre imagination), du résultat donc, de l’effet et d’imaginer par la suite quelle chenille a pu donner ce papillon que l’on a imaginé. (Oula je ne sais pas finalement si la métaphore clarifie mon propos, au contraire ça doit le compliquer :$ oups désolé…)
Enfin quand tu parles des maestros, tu parles des grands maîtres qui nous font (Et Dominique en fait parti, oh que oui, un très grand ! ^^), je suis tout à fait d’accord, on ne peut pas se détacher d’eux, et c’est fondamental, sans eux, je pense que nous ne serions pas grand chose… Nous sommes en quelque sorte modelés par eux, constitués par leur grande créativité et bien sur (j’y pensais l’autre fois, je revisionnais « dans l’intimité de mon quotidien ») comme le dit si bien Dominique nous devons les imiter pour avancer !
(Au passage, j’ai travaillé il y a longtemps maintenant ton final pour la double coupe Dominique et j’ai constaté il y a quelque temps en revisionnant un de tes dvd qu’en fait, bizarrement, depuis des années, sans m’en rendre compte je le faisais différemment, cela me fit sourire car je pensais à ce que tu disais sur Fred Kaps et son mélange américain sur table dans la vidéo citée plus tôt).
Mea Culpa, j’étais surement complètement fait… ou tête en l’air surtout ^^ dans mon dernier commentaire il faut remplacer Fred Kaps par Franck Garcia… Désolé, désolé, désolé :$ Boulet je suis :$