Avant de commencer, évitons tout de suite les polémiques et garrottons la chose au plus vite : une femme ne serait soi-disant jamais frigide avec l’homme (ou la femme) dès lors que celui-ci (ou celle-ci) lui convient. Une femme ne serait frigide que parce qu’elle n’a pas trouvé l’âme sœur. Non, soyons sérieux, la frigidité est un état, une maladie reconnue par la profession médicale. Voilà c’est dit ! Nous allons pouvoir maintenant parler de notre affaire du jour : non pas la femme mais le public qui serait frigide… Oooh ! Le beau sujet en perspective, n’est-ce pas ?
Surfons donc sur cet intéressant propos du jour : le public qui rit lorsqu’il se brûle, qui a un humour de chiotte (passez-moi l’expression), etc.
Il se trouve que je pars du principe (qui me plait, car je fais ce que je veux ! Hé hé !), qu’à partir d’un certain degré d’expérience, on peut se permettre de qualifier un public de plus ou moins bon.
Il y a bien sûr un certain nombre de paramètres à prendre en compte pour avoir le « droit » d’affirmer cela mais la réflexion du jour ne se porte pas là-dessus (j’ai déjà illustré ce sujet spécifique dans d’autres papiers du style, alors je n’y reviens pas pour le moment, sinon on n’ira jamais plus loin !).
Donc je dis pour aujourd’hui : oui il existe vraiment des publics mauvais et pas seulement des artistes mauvais, comme on l’entend communément. Comme c’est le cas de certaines femmes, il y a bien des publics frigides. Et vouloir faire rire un public frigide, c’est un peu comme vouloir faire jouir une femme qui présente ce symptôme manifeste : la frigidité. Cette femme ne peut pas jouir puisqu’elle est frigide. Elle est atteinte d’une vraie maladie qui l’en empêche. Vous pouvez être le meilleur du monde, elle n’y arrivera pas ! Elle est frigide ! Par contre, elle est capable de voir qu’on s’occupe d’elle. Qu’on est patient. Qu’on met du cœur à l’ouvrage. Elle voit qu’on est prêt à perdre notre temps (car on connaît sa condition de femme frigide) !
Une petite parenthèse est utile : je viens d’acheter le mot « frigide » pour quelques jours, alors, je tente de l’amortir. Je m’y prends pas mal, non ?!
Une fois qu’on s’est suffisamment pris au jeu sexuel et qu’une pointe d’envie de jouir commence à se lire sur le pourtour de nos yeux tout excités comme le reste de notre personne, oui, elle semble sensible au fait ! Elle vit notre jouissance par procuration. La reconnaissance aux lèvres (si je puis m’exprimer ainsi), elle nous remercie à sa façon qu’on se soit comporté avec elle comme avec une personne portée sur la chose (une chienne de sexe, quoi !). Mais il y a un mais, car tout en appréciant votre comportement, elle n’a pas joui, n’est-ce pas ?
Donc avez-vous bien en tête maintenant l’image de cette femme qui ne sait pas hurler avec l’orgasme, déchirer vos vêtements, vous griffer… enfin tout ce qu’on attend normalement d’un rapport sexuel de base (vous êtes d’accord avec moi sur ce point, j’en suis certain !) ??!
Eh bien pour un public, c’est pareil. Vous êtes sur scène et vous n’avez pas de pieds qui trépignent dans la salle, de rires permanents ou presque, de sifflements positifs quand vous dépassez les doses prescrites pour l’entendement. Le tout venant quand un show se déroule comme il le faut, quoi ! Non, visiblement votre public ne sait pas rire, ne sait pas s’amuser. On ne peut pas dire qu’il ne montre pas de signes de reconnaissance, oui, il applaudit, il sourit, mais bon ! A la fin de votre spectacle, vous êtes anéanti, vous êtes à terre : « ai-je été mauvais à ce point ??! ». Mais non ! Quand vous entendez les rapports circonstanciés sur votre prestation que vous font ces spectateurs « malades » (frigides), vous hallucinez ! Ils ont « adoré ». Ils n’ont « jamais autant ri ». Ils ont été « fasciné ». Les mêmes réactions que des personnes « normales ». Ils parlent comme ceux qui savent jouir de la vie et de vous d’habitude ! Incroyable, je vous dis !
Force est donc de constater : vous auriez aimé recevoir davantage de la part de votre public mais le pouvait-il vraiment ce soir ? Non, pas forcément ! Ce soir, c’était un public FRIGIDE. C’est tout !
Mais ce qui est intéressant, pour ceux bien sûr qui ont l’habitude de travailler devant des publics, c’est surtout de prendre conscience qu’un public qualifié de frigide, n’est pas forcément mauvais. Pour son ego d’artiste on a tendance à dire qu’il l’est, car on peut connaître des publics bien « meilleurs » ! On aime les standing ovations (les vraies, pas celles de la télé !). On aime cette folie qui s’empare de la salle quand votre public ne peut plus réagir autrement qu’en hurlant ! Mais qu’est-ce qui est important ? Doit-on attendre uniquement tel ou tel type de réaction comme seuls signes de réussite de votre impact sur le public ? Souvent, sous les feux de la rampe, on croit à un succès mitigé, alors qu’il n’en est rien, bien au contraire.
Nous pourrions mettre comme sous-titre à ce petit essai : la relativisation ou la tolérance ou bien encore le droit à la différence d’un public qui, certes, ne sait pas rire autant ou aussi fort mais qui a reçu autant dans son cœur. C’est bien là le principal, non ?
Bonjour Dominique Duvivier,
Je ne sais pas si ma réponse va vous plaire, mais je ne ferai que citer ce qu’a dit Henning Nelms dans « Magie et mise en scène » :
« Lorsque nous nous fixons le but de divertir – et de convaincre – un public et que nous n’y réussissons pas, nous sommes les seuls responsables de notre échec. Si le public n’aime pas ce que nous lui proposons, nous ne pouvons pas nous plaindre de son goût, mais ne rejeter la faute que sur nous-mêmes d’avoir fait un mauvais choix. Si le public manque d’intelligence, il faut que nous trouvions des moyens de nous rendre accessibles. Si le public fait preuve d’inattention, nous devons trouver un moyen de capter son attention, et de le garder. Il existe des publics difficiles, mais il n’existe pas de mauvais publics. Quiconque se présente devant un public est là pour lui plaire. S’il l’ennuie, il n’a pas rempli son contrat. »
Il me semble que ces propos peuvent aussi s’appliquer pour un public « frigide »…
A débattre 🙂
Bonne semaine à vous,
Delphine
La phrase citée par Delphine me parait tout à fait exacte. Mais en l’occurrence, le public frigide décrit par Dominique a apprécié le spectacle et le magicien a rempli son contrat. « Simplement », le public en question ne l’a pas manifesté : c’est l’artiste qui a été frustré, pas le public. C’est dur pour le prestataire, pas pour les gens qui ont assisté à la prestation.
Me sentant presque concerné ayant eu la remarque que je ne faisais forcement pas parti d un public facile.
j en profite pour faire un copié collé du commentaire que j ai posté sur un forum concernant ma soirée au double fond du 05/11/2010.
« Donc opportunité d être sur paris le 5/11.
Réservation pour show bouillant en formule complète.
Première aparté: ne jamais prendre l hôtel situé le plus proche du double fond (no comment !)
Le seul avantage est d avoir une vue sur le cabaret et de voir la terrasse se monter tel le chapiteau de la piste aux étoiles annonçant l heure du spectacle.
Nous nous préparons donc a descendre, je vide mes poches de tous mes jeux de cartes. En effet, va t on dans un bon restaurant avec ses ustensiles et ses ingrédients ?! Non!! surtout chez un grand chef !
(certains d ailleurs ont sortis leur jambon beurre bicycle durant la soirée).
Je vais a un spectacle, pas a une conférence.
Je quitte donc mes yeux de magicien pour enfiler mes yeux d enfants, je vais toujours voir un spectacle avec les mêmes yeux qui m ont fait rêver enfant.
Nous sommes très bien reçu , les hôtesses sont jeunes charmantes et souriantes (ca ne mange pas de pain).
L apéritif est servit, on attend l arrivée de tout le monde et Philippe de Pertuis attaque la première partie dans une position pas forcement facile , mais avec une simplicité et un naturel qui le rend très sympathique.
Un tour de mentalisme et une routine de cordes a travers la veste très conviviale.
Durant la prestation de Philippe les duvivier font leur apparition. Dominique,comme il nous l a expliqué après, scrutant le public .
D après ses dires,nous n étions pas un public facile ou disons pas un public supra expressif.
Je le reconnais, je ne suis pas public facile. Je n offre pas outre mesure pré-applaudissements ou rires par adulation bêta. Il faut qu ils soient vrais sincères honnêtes , qu ils viennent naturellement mais ils sont servis en temps utile sans retenues et ne sont jamais artificiels .
Deuxième aparté: un peu de mauvaise foi peut être , ou déformation professionnel, mais mon amie et moi avons laissé la plus grosse note de la soirée en consommant en sus avant pendant et après la formule. Mon amie allant jusqu’à s acheter le tee shirt du Double Fond pour en faire la pub lors de ses footings quotidien sur Lyon.
En fait dépendamment de cela et même indépendamment de cela j espérais me retrouver au premier rang à mélanger les Jerry’s Nuggets.
Que nenni , nous voila a l extrême deuxième rang tout en étant toujours de très prêt.
Mais ceci aura de l importance sur ma troisième aparté.
Je n en dirais pas plus sur la prestation de Dominique que se qui a été dit plus haut. C est la magie que j aime, ou plutôt , c est le spectacle que j aime.
Dominique découvrant sans l avoir su avant (hic) que nous avions un allemand dans le public à qui il fallait traduire. Mais il a su rebondir dessus et jouer avec talent et humour de cette situation.
Troisième aparté : une petite réserve sur la miss-direction-pont-Pouêt-Pouêt .
Remarque de simple spectateur.
En effet lors d une transition , des « Pouêt-Pouêt » sont distribués aux spectateurs du premier rang. Se qui a pour effet de couper la salle en deux, ceux qui sont hilares à s amuser de faire Pouêt-Pouêt a tort et à travers sans fin, et les autres subissant les Pouêt-Pouêt, qui ne sont en fait que des parasites auditifs.
Ceci n a eu que pour effet que de me perdre quelques instants , et je me suis surpris à avoir une absence.
( je suis d accord, je n aurais pas le même discours si j avais été au premier rang).
Fin de spectacle, remonté pour le dessert et bien sur un petit comité de magiciens amateurs se forme analysant le spectacle de magie.
Comité que je fuis très vite……………
Quatrième aparté : Juste pour l agréable présence discrète d alexandra qui pleine d attentions va jusqu’à remplir les verres vides. Je comprends sa facilité avec les enfants en découvrant la gentillesse qui transpire de sa belle personnalité ( il est juste dommage qu elle n ait plus ses cheveux aussi long).
Nous redescendons pour un bref entretient forcement intéressant et passionnant.
Et nous finissons par boire un dernier verre en partageant un gout commun pour la vodka avec le sympathique JP …..
N étant pas spécialement fétichiste j en oublie mes désirs d enfants d allé importuner Dominique en quémandant une carte dédicacé.
Une bonne soirée se finissant a minuit.
Cinquième aparté : nous sommes repassés le lendemain tard en fin de soirée ,afin de boire un dernier verre avant de rejoindre notre hôtel.
Nous avons eu à faire avec le compagnon d alexandra qui nous a bien reçu malgré l heure et avec qui nous avons conversé agréablement un petit temps.
Tout cela pour finir sur se qui est mon cheval de bataille, c est qu un spectacle de magie, se n est pas qu une technique qu une créativité qu un protocole, c est un tout, et tout était à merveille .
Dernier aparté: oui mes yeux de magiciens sortaient quand même quelques fois de ma poche, ébahies du talent et de la créativité de Dominique.
»