Je lisais dernièrement une interview dans un magazine spécialisé sur le cinéma (car il faut savoir que je les préfère aux revues magiques en général !), et j’y ai trouvé le sujet de l’article que vous êtes en train de lire (comme quoi, une fois de plus, le cinéma mène à tout… Il suffit de prendre le temps de s’y pencher !).
Dans l’entretien en question, James Cameron me disait sans le savoir ( !), qu’il trouvait important de se fixer des limites, même lorsque les budgets sont colossaux.
D’autre part, grâce à ma lecture « façon mouche », qui zappe et regarde un peu partout en même temps, je suis tombé sur la publicité de « L’enfer », ce film inachevé et mythique d’Henri-Georges Clouzot, dont les bobines viennent de réapparaître grâce à madame Clouzot (pas la femme de l’Inspecteur, l’autre). A l’époque, le budget de ce film prometteur fut illimité, tant les acteurs étaient au top : Romy Schneider, Serge Reggiani et notre Clouzot, qui –c’est le moins qu’on puisse dire – ne faisait pas des daubes en ces temps du cinéma en noir et blanc (extraordinaires les films de Clouzot, soit dit en passant) ! Mais il y a un MAIS : le film n’a jamais vu le jour… à cause… du budget illimité justement !!! La production s’est interrompue après 3 semaines de tournage.
D’où notre article du jour : « Limites essentielles » (comme quoi, parfois, de longs départs arrivent sur des conclusions heureuses !).
Dans l’interview de Cameron, il est dit en substance que si les limites n’existent pas, on peut difficilement faire quelque chose de bon…
Et comme par hasard c’est exactement ce que je pensais concernant la magie, avant de lire ces articles sur Cameron et le père Clouzot. Du coup ça m’a fait rebondir et j’ai eu envie de vous en parler ! Fin de l’introduction. Ouf !
Pour créer un effet magique, le fait de laisser aller son imagination est bien entendu plus que souhaitable. C’est la base même de toute création.
Par contre, si les idées retenues sont un peu trop ambitieuses par rapport à nos moyens (en d’autres termes, si on se la joue façon « Cameron », avec des milliards de dollars de fabrication à venir !), il est indispensable de revoir à la baisse nos desiderata pour rester dans un moule possible, si je puis m’exprimer ainsi. Et c’est loin d’être simple de se restreindre ! Pour obtenir un résultat probant il faut savoir parfois amputer ses rêves joyeusement (c’est une métaphore bien entendu), biffer des passages entiers, changer complètement de fin ou de milieu…
J’aime parler de cet aspect de la création car, habituellement, si vous me lisez attentivement, j’aurais tendance à dire l’inverse. Je vous parle plus souvent d’envolées créatrices, de folie inventive… plus rarement de la difficulté que représentent les limites du réel. Comme quoi il est assez complexe de créer et ce n’est pas à la portée du premier venu. Ce qui n’est pas plus mal, je trouve !
Apprendre à se limiter, en l’occurrence, c’est ce qui nous permet de ne pas perdre le fil de la réalité. La réalité évolue sans cesse selon nos techniques propres, selon la technologie en général… Mais il est préférable, en attendant, de rester « raisonnable » : agir tout de suite en créant ce qu’on peut fabriquer concrètement et rebondir ensuite en fonction des évolutions possibles. C’est ainsi que je procède. Je reste assez « simpliste » pour commencer, mon but étant d’obtenir un résultat concret. Ce que j’ai alors créé devient ma copie de travail, mon point d’appui pour évoluer vers autre chose, mon plancher : je peux marcher dessus et, le jour où j’aurai trouvé une autre manière de marcher, il me sera plus aisé de le casser. Vous voyez ?
J’aime vous donner quelques-uns de mes « modes de marche ». Je les ai éprouvés. J’en ai profité à satiété. Alors je crois que je m’oblige à vous les livrer. C’est ma façon de me faire avancer tout seul car, si on ne donne rien ou presque, on se sclérose avec ses propres techniques et ses effets et on ne peut plus s’éclater vers de nouveaux horizons.
A bientôt !
Dominique Duvivier
Merci Dominique pour cet article fort intéressant !
Comme toujours, je veille un petit peu, même si je ne parle pas… a l’actualité du blog comme a l’actualité magique… Ne m’en veux donc pas si je me fais … discret !!!
Dominique,
tes conseils sont toujours aussi affinés que ton esprit… je fais une analogie ,non pas dans la création, mais dans l’apprentissage qui est un peu dans la même situation… Moi qui suis un simple novice de plus en plus éclairé, j’ai la possibilité comme de nombreux inconnus d’acheter un tour. puis un second… puis un troisième… si je n’ai pas de limites dans le budget je peux continuer ainsi durant des années… mais est ce que je suis réellement un magicien??? Aucune technique …aucune recherche d’adaptation à notre personnage.. la limite qu’on se fixe permet de dire stop restons raisonnable, travaillons ce qui existe à notre niveau et ensuite franchissons une étape supplémentaire…
Démarrons par un bon jeu de carte Bicycle ou autre et un DVD.
Ce qui m’intéresse dans cet article n’est pas obligatoirement une approche mais tout simplement une vérité. L’Homme restreint sa capacité a faire des petits pas pour progresser et veut souvent franchir des étapes par bond de géant. Pourtant ce sont par ses limites techniques ou technologiques du moment A que nous pourrons faire évoluer a un moment A+1j. D’ailleurs j’aime tes adaptations personnalisés dans les tours… on voit que tu pousses le concept un peu plus loin a chaque fois.
ne te limite pas dans tes commentaires… continue et repousse nos limitent pour nous faire progresser.
encore merci et à bientôt