Il est clair que la magie est riche en paradoxes et surtout la mienne. Mais rassurez-vous, pas tant que cela non plus.
Quand je dis que je ne justifie rien, je veux dire que je ne m’encombre pas de justifications pour faire avancer mon tour scénarisé.
Ce ne doit pas être un handicap et je ne veux pas que cela en devienne un.
Par exemple, j’ai créé une routine intitulée « Flush total à cœur » dans laquelle j’utilise un paquet où il n’y a que vingt cartes.
Je considère qu’il n’est pas du tout certain que le public s’aperçoive de cet état de fait tandis que nombre de magiciens frémissent rien qu’à l’idée qu’on puisse les arrêter avec cette incongruité patente. Selon moi, ce n’est pas un souci.
Si vous débutez par ce tour ce sera un problème, tellement un problème que je vous encourage à ne pas le faire ou à l’effectuer avec un jeu complet de 10 de cœur.
Si par contre vous avez » planté » un décor solide, personne n’y prêtera attention.
Voilà pourquoi j’affirme que je ne justifie rien : il ne faut pas avoir peur de conséquences qui ne sont issues que de votre propre problème avec l’illogisme que vous étalez au grand jour.
Petite idée de scénario pour ce tour « Flush total à cœur » :
Je pourrais par exemple introduire la routine en parlant du fait que c’est un tour avec moins de cartes que d’habitude, en expliquant que ce fut mon premier tour de magie, que j’avais quatre ans et donc de plus petites mains et que donc mes parents m’avaient offert moins de cartes etc. Tout cela en souriant bien sûr !
Pour agrémenter cette base très riche, je ferais en sorte de conserver cette anecdote du petit garçon de quatre ans pour qu’elle me serve de fil rouge tout au long de la narration.
Par contre, ensuite, je crois nécessaire de faire grandir l’idée pour qu’elle rebondisse avec plus de force à la fin. Pour moi cela est une règle.
Je vais raconter par exemple qu’un tricheur m’a pris le petit jeu des mains et m’a dit que ces as pouvaient voyager (vous venez ainsi d’introduire une notion supplémentaire à votre histoire de base)… Et pourquoi par exemple ne pas finir en disant que tout ce que vous venez de raconter était rigoureusement ce que vous avez vécu avec vos petites mains etc.. Et à ce moment-là vous transformez votre jeu en un jeu de 52 cartes en ajoutant : mais je suis bien conscient qu’aujourd’hui j’ai grandi et que je ne peux plus avoir seulement une vingtaine de cartes !!!
Vous venez de transformer un petit souci en une force qui devient un nouveau climax.
Pas inintéressant, hein ?
Bien à vous
Dominique DUVIVIER