Comme il est difficile de vivre sans les gens qui comptent dans sa vie.
Ernest était un ami intime, comme on dit. Je dis « était » car il n’est plus depuis quelques années, mais pour moi il EST toujours là, avec moi. Un ami intime je vous dis !
Avant, du temps où je pouvais le voir encore, je lui montrais mes petites trouvailles magiques chaque mois.
Lui, tirant sur sa pipe, impassible, moi me disant que j’étais sûrement en train de lui montrer une « super daube », ne pouvant lire aucun avis sur son visage…
C’était le « calvaire » obligé du mois que je devais m’imposer car il voulait voir tout ce que je créais.
Ancien professeur d’Allemand et de mathématiques, j’avais l’impression de passer à l’oral devant le pire examinateur !
Il savait mettre mal à l’aise à souhait.
Mais pourquoi m’imposer de tels supplices ?
Parce que je voulais lui faire plaisir, c’est clair.
Parce que j’avais besoin de son avis… Mon ami intime je vous dis !
Parce que aussi j’ai toujours eu l’habitude de me « jeter dans la fosse aux lions »… C’est mon tempérament mais j’avoue que mes « ennemis », qui ont toujours été nombreux et à tous les moments de ma vie tant personnelle qu’artistique, ont considérablement contribué à le développer. Leur hargne à vouloir me mettre des bâtons dans les roues m’a donné la force de m’améliorer à l’infini. Merci à eux encore et encore ! Si mes détracteurs savaient le bien qu’ils m’apportent, ils arrêteraient sûrement leurs démarches et s’appliqueraient plutôt à devenir mes copains afin que je m’étiole dans mon coin ! Dommage pour eux, leur virulence permanente m’a toujours permis de grandir toujours davantage. Cool, non ? Fin de la parenthèse…
Un temps. Le silence prend place dans la pièce. Quelques bruits de pipe significatifs, il va parler :
« J’ai bien aimé lorsque vous avez fait ça et ça… »
Le silence de nouveau. Il termine de vider sa pipe. Il la racle avec le petit embout qui ne quitte jamais sa poche :
« Excellent. ».
Je n’aurai pas davantage de commentaires.
Il faut savoir que ce que je vous rapporte était une forme de paroxysme pour Monsieur Pancrazi. Et cela n’aurait pas été pour moi, il en aurait dit encore moins ! Je sais que c’est un peu pour me faire plaisir qu’il avait ajouté son « Excellent », alors je sentais l’avoir un peu usurpé… Ce n’est pas qu’il ne le pensait pas… Mais ce sont des choses qui ne se disent pas, quoi !
A bien y repenser Pancrazi est un peu du genre à Bertrand Blier. Vous voyez ? Le même genre de mec super ouvert en apparence… Le type que vous avez envie de chahuter !
Si vous saviez comme il me manque…
Je compati au manque qui te rend triste à cause son absence .
Perdre un être cher est toujours très difficile et d’autant plus quand il est intime.
Les situations auxquelles tu as fait face avec lui devaient être extrêmement frustrantes et déstabilisantes.
Vraiment étrange ceci dit cette excitation de vouloir se jeter comme ça dans la fausse aux lions.
Bonjour Dominique
sut ton article j’aime bien la parenthèse, qui signe une belle attitude face à l’adversité .
« Ce qui ne nous tue pas nous renforce » , en somme .
Bel hommage au passage à ton ami , sûrement dur mais sans concession , vrai , ce qu’on peut attendre d’un véritable ami .
………..
Je poursuis ma lecture n’etant pas venu te lire depuis quelques temps .